Créé en 1999, Société.com s’est imposé comme l’un des premiers sites français à rendre accessible au grand public l’information légale, administrative et financière sur les entreprises. Le site n’a cessé d’évoluer pour répondre aux nouveaux usages, à la montée en puissance de l’open data, mais aussi aux exigences de fiabilité dans un univers BtoB en pleine transformation. Avec plus de 10 millions d’utilisateurs actifs chaque mois et 22 millions de visites, Société.com est devenu un réflexe pour des millions de Français. Son PDG, Guillaume Berthault, revient sur les enjeux de cette plateforme à l’heure de l’intelligence artificielle, des données extra-financières et des nouveaux services aux entrepreneurs.
franceinfo : Guillaume Berthault, vous êtes le patron du site internet Société.com, site pionnier de l’information légale, administrative et financière sur les entreprises créées en 1999. Vous avez 10 millions d’utilisateurs actifs par mois, 22 millions de visites. Qui sont vos utilisateurs? Des particuliers? Des professionnels ? Pourquoi on se connecte chez vous ?
Guillaume Berthault : Alors déjà en termes de typologie c’est un peu tout le monde parce qu’il y a quasiment 30 % aujourd’hui des Français qui passent sur Société.com au moins une fois par mois et on vient s’y connecter Quand on veut apprendre quelque chose sur une entreprise, quand on veut trouver des données lisibles, gratuites et qui vont permettre de juger l’existence, la santé financière d’une entreprise pour travailler avec elle ou faire affaire.
Alors vous dites données lisibles gratuites, mais vous avez des offres payantes aussi. Une offre plus, une offre pro, 16,90 euros, 39,90 euros par mois. Qu’est-ce que vous proposez ?
Alors toute la partie gratuite en fait, pour pouvoir alimenter le business model, il est assez simple, pour pouvoir alimenter toute cette partie gratuite, entretenir cette donnée, croiser des datas pour pouvoir toujours la certifier. Il y a une partie qui est payante, la partie qui est payante, c’est une partie qui va être plus proactive. Vous allez pouvoir surveiller des entreprises. Donc vous allez mettre par exemple votre portefeuille client en surveillance et vous allez recevoir des alertes quand les entreprises changent de mandataire social, quand les entreprises déménagent ou même quand elles vont passer en procédure de sauvegarde, ça va vous permettre d’anticiper un peu les mouvements de l’entreprise en face.
Là, vous avez combien d’abonnés sur ces formules ?
Aujourd’hui on a 2 500 abonnés sur les deux offres, et ensuite on a des offres réservées aux plus grandes entreprises qui vont être des offres d’API où on va garantir aux grosses entreprises qui sont des gros utilisateurs de cette data certifiée societe.com d’avoir directement chez eux de la data depuis des tuyaux de base. Donc vous allez avoir la même fraîcheur que les utilisateurs vont trouver sur societe.com chez vous.
Mais ces données que vous agrégez, que vous proposez parfois gratuitement, parfois de façon payante, elles viennent d’où ? Comment vous avez la certitude que tout est fiable et surtout que tout est actualisé ?
Depuis la loi Macron en 2015, il y a eu un énorme boom des sources des registres de data, particulièrement côté BtoB (Business to business), il y a aujourd’hui 60 000 jeux de données sur data.gouv. Il y en a une dizaine de milliers qui sont dédiés aux BtoB.
“Notre but c’est de prendre des datas officielles, de prendre des datas privées et de venir recroiser.”
Guillaume Berthault, patron du site internet Société.com
à franceinfo
C’est un petit peu comme vous faites dans les médias, une information quand elle a été recroisée plusieurs fois et qu’elles arrivent de plusieurs sources différentes. On enlève quand même un peu le risque que la data soit mauvaise ou erronée. Et aujourd’hui, toutes ces data gratuites de l’open data, elles sont parfois contradictoires et nous, on fait ça depuis 25 ans. Et donc on sait aujourd’hui croiser les datas de manière à transmettre toujours une data certifiée à l’utilisateur final.
Et comment on fait si on ne veut pas simplement être sur notre site ? On voit parfois des dates de naissance.
Il y a deux types de données. La première partie, c’est de la data qui doit être transparente parce qu’aujourd’hui, quand on est par exemple créateur d’une entreprise, je vais prendre l’exemple d’une SAS, on doit avoir la date de création de l’entreprise, on est dans les statuts, en actionnaire ou pas, etc. Tout ça, c’est la transparence, ça fait partie de la transparence de l’économie. C’est hyper important pour faire des affaires. Ensuite, si vous êtes autoentrepreneur et qu’il y a votre nom, votre adresse personnelle, vous pouvez faire supprimer ces informations-là en passant directement par les registres officiels, donc par l’INSEE, par l’INPI, par infogreffe selon d’où viennent nos sources. Vous pouvez demander à ces registres-là de supprimer. Alors souvent, c’est une anonymisation partielle de la data. Vous enlevez par exemple votre nom, votre prénom, votre adresse personnelle, la date de naissance, etc.
Quand vous avez commencé il y a 25 ans, vous étiez pionnier, vous étiez seul. Aujourd’hui, vous êtes plus nombreux. Il y a des sites comme Pappers, infogreffe, infonet. Comment vous pouvez aujourd’hui vous démarquer dans un monde où il y a en plus les moteurs d’intelligence artificielle qui arrivent ? Comment vous pouvez faire la différence ?
Alors aujourd’hui, en fait, la vraie différence, ce qui se passe. Tout le monde va chercher ces data aux mêmes endroits. Et en fait, il y a beaucoup de gens qui vont se permettre de faire juste des passe-plats d’une data qu’ils ont pris sur un registre officiel gratuit et vont le diffuser directement aux utilisateurs. Nous, c’est ce qu’on disait tout à l’heure,on vient certifier cette data-là en la croisant parmi plein de sources de données et ensuite en la diffusant de manière la plus facile possible pour qu’elles soient structurées et exploitables. Typiquement, aujourd’hui, il y a une explosion des verticales BtoB boosté à l’intelligence artificielle.
Ces agents ils vont venir chercher de l’information. Si cette information n’est pas structurée, elle n’est pas certifiée. Déjà qu’on a du mal à tracer ce que racontent les agents IA, si on est dans un monde BtoB, un agent IA BtoB, qui va vous donner une information, n’importe quoi sur du contentieux, sur du notariat, sur du recouvrement par exemple. Il faut qu’il ait pu se sourcer sur une d’attaque est certifiée officielle et qui est passée par une API qui a pu être vérifiée.
Votre chiffre d’affaires actuel et votre objectif peuvent être à plus long terme ?
“Notre chiffre d’affaires actuel cinq millions d’euros de chiffre d’affaires et notre objectif à plus long terme, c’est de doubler dans les deux années qui arrivent en venant agréger de nouvelles verticales.”
Guillaume Berthault, patron du site internet Société.com
à franceinfo
Ce qu’on a constaté quand on a repris l’indépendance de Société.com il y a quatre-cinq ans, c’est qu’il y avait en gros une explosion des verticales boostées par des agents IA et qu’il nous fallait devenir le raffineur de cette data pour fournir de la data structurée interopérable.
Expliquez simplement ce que vous voulez dire quand vous dites verticales, pour que nos auditeurs comprennent bien ?
Vertical, c’est une typologie de clients. Par exemple, vous faites du recouvrement, vous allez avoir besoin de prendre des délais de paiement, récupérer des factures et à un moment, vous allez avoir besoin d’informations liées par exemple à un SIREN sur une entreprise, un dirigeant.
Vous lancez de nouvelles données gratuites simulation d’impact extra-financier d’une entreprise sociale, fiscale, territoriale, d’impact carbone aussi pour un peu plus de 700 000 entreprises qui n’en ont pas réalisé. Alors même question comment vous faites ça ? Comment vous faites pour que ce soit fiable ?
Aujourd’hui, le but c’est de prendre toutes les datas qui sont disponibles au public, donc des datas ouvertes à tous, grâce à toutes les lois open data qui sont passées. Et c’est de venir les confronter à des datas qu’on peut avoir, nous, sur les comptes par exemple, partiellement confidentiels ou confidentiels, des entreprises ou les comptes publics, et venir regarder par exemple si un euro d’impôt payé par telle entreprise dans tel territoire crée plus de valeur qu’un euro qui n’est pas payé, par exemple fiscalement en France ou qui a un impact territorial plus faible vu que le territoire a une employabilité un peu moindre.
Je prends un exemple très simple : si vous payez un euro d’impôt en Bretagne versus un euro d’impôt que vous avez payé en Île de France, ça n’a pas du tout le même impact sur la région. Ce sont des régions qui sont déjà soit très employables, soit un peu moins.
Et les entreprises pour qui vous faites ça, elles en pensent quoi ?
C’est toujours le même but, comme à la genèse par Xavier Niel en 1999, quand c’était d’avoir de la data lisible, gratuite et accessible à tous. Là c’est la même chose. C’est avoir de la data extra-financière, lisible, gratuite, accessible à tous. Pour qu’elle soit gratuite, mais il faut qu’elle soit sourcée gratuitement, donc on prend des registres officiels. Et aujourd’hui, c’est de commencer à donner une première marche aux entrepreneurs pour essayer de comprendre comment juger une entreprise sur ces datas extra-financières.
Vous allez proposer de nouveaux services avec des experts métier : création d’entreprise, ouvrir un compte bancaire, gérer ma comptabilité, modifier mon entreprise, gérer mon bilan carbone. Aujourd’hui, dans un environnement plus concurrentiel, il faut faire ça ?
Exactement. Aujourd’hui, le seul fait d’accompagner les entrepreneurs qui viennent sur notre site pour essayer de juger une entreprise à sa solidité financière, son existence. Aujourd’hui, on va même plus loin avec l’extra financier. Et demain l’accompagner, peut-être, à créer une filiale, une deuxième entreprise, ouvrir un compte bancaire, continuer ses affaires. On essaye de simplifier le monde des affaires pour tous les entrepreneurs ou les gens qui veulent devenir entrepreneur et qui nous consulte tous les jours.
Il y a une demande de la part de vos utilisateurs ?
Il y a une très forte demande. Aujourd’hui, l’entrepreneuriat a le vent en poupe.
“Il y a une très forte demande pour essayer de mieux comprendre, mieux appréhender tout cet écosystème qui peut faire un peu peur.”
Guillaume Berthault, patron du site internet Société.com
à franceinfo
Et le but de Société, c’était le même à l’époque de Xavier Niel, c’était de permettre aux gens de juger une entreprise assez facilement au regard de ses résultats financiers, soit son existence, soit sa durabilité extra-financière, etc.
Et ce sera mis en place quand ?
À partir de tous les mois à venir. On a commencé aujourd’hui avec la création d’entreprise et on va continuer avec les comptes bancaires, les bilans carbone, etc.
Et ça implique des recrutements ?
Pas pour l’instant. Pour l’instant, on reste sur notre équipe actuelle et qui bosse avec nous depuis une vingtaine d’années, et qui connaît hyper bien la data financière. Et plus on va ouvrir de verticales, donc de typologies de clients et de typologies de métiers et plus on recrutera.