L’entreprise suédoise Elonroad va faire au Québec la démonstration technologique de son système de recharge, qui consiste en un rail conducteur au sol non intrusif et en un pantographe inversé sous les véhicules, permettant une recharge électrique automatique des véhicules électriques qu’ils soient à l’arrêt ou en mouvement.
La Vallée de la Transition Énergétique (VTE) a annoncé la signature d’un accord stratégique par les différents acteurs qui prendront part à cette démonstration, soit la VTE, InnovÉÉ, Groupe Morneau, Elonroad et Filgo.
Signant l’entente stratégique de démonstration de recharge par rail: Alain Lemieux (directeur général, VTE); Wassim Kanso (Filgo); Valéry Prunier (Elonroad); Thierry St-Cyr (PDG d’InnovÉÉ) et Denis Marcotte (Groupe Morneau). (Photo: Steve Bouchard)
La technologie d’Elonroad a été adoptée en Europe par des entreprises comme le distributeur en restauration suédois Martin & Servera, l’Administration du transport de Suède et le port d’Oslo.
La technologie d’Elonroad permet d’opter pour des batteries plus petites et des véhicules électriques moins chers, plus légers et plus propres et peut être appliquée à tous types de véhicules, camions y compris.
Elle peut être installée aux terminaux des entreprises de camionnage, dans les ports maritimes ainsi sur certains tronçons de route stratégiques.
Elonroad travaillera avec les véhicules et sur les terrains de Transport Morneau et de Filgo, l’entreprise suédoise «souhaitant développer le projet au Québec en démontrant l’efficacité technologique et la viabilité économique de sa technologie».
Le projet commencera au cours des prochains mois et le Groupe Morneau fera la validation du produit. «C’est vraiment intéressant comme technologie et ça peut amener une belle évolution dans l’électrification des transports», a confié Denis Marcotte, directeur des services techniques au Groupe Morneau. Identifier les nouvelles technologies sur le marché et en faire l’essai fait partie du mandat de M. Marcotte. «Ensuite, il faut déterminer si ces technologies vont être fiables et rentables à opérer.»
Le système de recharge d’Elonroad sera installé au terminal de Groupe Morneau à Québec, où le tracteur routier Volvo VNR Electric et le tracteur de manœuvre Tyco du transporteur sont basés.
Les essais avec le tracteur de manœuvre s’annoncent particulièrement intéressants pour les tests de fiabilité, estime Denis Marcotte, parce qu’il va passer sur le rail très souvent au cours de la journée. «Cela nous permettra de recueillir beaucoup de données et de voir la fiabilité du produit. De voir par exemple, est-ce qu’il se connecte 90% ou 100% du temps, ou est-ce que ça ne fonctionne pas?»
En outre, plusieurs camions circulent dans la cour du terminal et vont passer sur les rails du système de recharge. «On pourra voir si le rail va être résistant au cisaillement, aux pneus, au calcium, aux contaminants. C’est une cellule-test qui est vraiment parfaite pour évaluer la fiabilité du produit», résume M. Marcotte.
Un rail d’une trentaine de mètres sera installé pour tester la recharge en dynamique -au passage du véhicule en roulant – en plus de rails de rails statiques pour assurer la recharge des véhicules lorsqu’ils sont immobilisés.
Elonroad a installé une route électrique de 750 mètres à Mons en Belgique. Le système fournit une puissance continue de 300 kW à 90 km/h pour les camions et de 100 kW à 130 km/h pour les camionnettes ou les voitures. (Photo: Elonroad)
Elonroad a estimé en Europe, que son système peut réduire de 10 millions d’euros (15 millions de dollars canadiens) le coût d’exploitation total d’une flotte de 420 camions. Selon Valéry Prunier, directeur général d’Elonroad France, la technologie du rail est moins exigeante pour les installations électriques des bâtisses que les bornes de recharge.
«Quand un site qui compte beaucoup de véhicules au diesel veut passer à l’électrique, il y a de l’électricité pour le chauffage, la climatisation et l’éclairage. Mais c’est souvent loin d’être suffisant pour électrifier les véhicules et on a donc besoin d’un renforcement du réseau qui coûte cher et qui prend des mois à réaliser», explique M. Prunier.
«Comme on diminue la taille de la batterie du véhicule grâce au fait qu’on recharge à différents moments de travail du véhicule, on réduit d’autant le besoin de renforcement du réseau électrique du site.» La demande en électricité du système par rail est environ le tiers, selon les cas, de ce que demandent les bornes électriques. «C’est plus rapide, c’est moins cher et ça a moins d’impact sur la société», assure M. Prunier.
La modification qui doit être apportée au camion pour qu’il puisse être rechargé par rail ne devra évidemment pas affecter la garantie du manufacturier. »C’est pour cela qu’on travaille avec les constructeurs. Nous avons signé des contrats avec six ou sept constructeurs majeurs avec lesquels on travaille sur l’intégration. Ils comprennent exactement de l’intérieur ce que nous faisons et ils ne modifient pas la garantie.»
C’est Filgo qui distribuera la technologie Elonroad au Québec. «Chez Filgo, nous croyons fermement que l’innovation technologique est essentielle à la transition énergétique. La technologie de recharge par le sol ouvre des perspectives inédites pour l’électrification des transports», a souligné Wassim Kanso, directeur principal transition énergétique chez Filgo.